samedi 14 juillet 2007

Puissance...

C'est le raisonnement en "puissance" qui ne peut pas aboutir dans le cas de la révélation chrétienne. Le Christ ne nous présente pas un dieu de puissance, écrasant et dominateur, mais un dieu d'amour, a genou devant l'homme, dans la position du serviteur, soucieux de favoriser sa liberté et donc de ne pas l'écraser par la puissance ni d'atteindre a notre condition d'homme, qui fait de nous un élément de cet univers et qui contient ces choses terribles. Le Christ ne nous décharge pas de la souffrance : ou serait notre liberté, alors, entre un dieu papa gâteau et un monde torture ? Par contre, ce qu'il fait, c'est qu'il nous rejoint dans la souffrance. S'il ne peut la faire disparaître, par contre il peut nous y rejoindre. "Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est a moi que vous l'avez fait" : il nous y rejoint même de façon très mystérieuse, puisqu'il nous invite a croire qu'il est avec nous au présent, au quotidien de nos vie, de manière voilée.
"Bien tard je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle,
Bien tard je t'ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors
et c'est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses que tu as faites,
pauvre disgracié, je me ruais !
Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi ;
elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,
si elles n'existaient pas en toi, n'existeraient pas !
Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
tu as embaumé, j'ai respiré et haletant j'aspire à toi ;
j'ai goûté, et j'ai faim et j'ai soif ;
tu m'as touché, et je me suis enflammé pour ta paix. "
St Augustin. Le Christ ne nous fait pas rencontrer un dieu de puissance, extérieur et écrasant, mais nous invite a la rencontre d'un Dieu souffrant, intérieur, renversant nos catégories : elle est la, la conversion, dans ce renversement de nos catégories et dans l'ouverture que cela provoque, existentiellement, c'est a dire que réellement je modifie mes actes pour les conformer a ma foi (il n'y a pas de foi sans les oeuvres, cf. St Jean... et puis c'est du bon sens ! Si on ne fait pas, c'est qu'on n'y croit pas) qui est de vivre de l'amour du Christ envers toute personne.
Le problème, bien sur, c'est que ce retournement est incroyablement difficile, puisqu'il va a l'encontre de notre orgueil, de nos égoïsmes, de nos lâchetés, de notre confort... et en même temps, on sait combien l'amour humain est déjà un incroyable moteur de "conversion" a l'autre. Dieu, lui, est le Tout Autre, qui nous invite donc au Tout Amour, dans sa radicale différence, par delà tous les racismes. Aimer ses ennemis...

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