lundi 17 février 2014

Ayons pitié des puissants

Il n'est d'amour qu'universel - s'il y a quelqu'un que "je n'aime pas", alors je n'aime pas. De toute personne nous devons apprendre à souhaiter son bien, et donc à l'aimer, par-delà ce que nos sentiments nous inspirent. Y compris ceux qui paraissent le plus terriblement nuire au bien des autres, de plus faibles qu'eux. Il faut leur souhaiter de découvrir le chemin de la paix, de l'amour et de l'humilité. Car l'être humain ne saurait être en paix quand il s'écarte de ce chemin étroit et escarpé.

Nous savons bien comme l'hostilité que nous pouvons éprouver envers quelqu'un nous plonge dans des tourments, et il n'en est pas autrement pour ceux qui se murent dans la haine ou l'orgueil au nom de quelque principe que ce soit. Ainsi, ceux-là même qui cherchent à nuire sont les plus à plaindre des hommes et devraient nous inspirer plus de pitié que de colère. Pitié de voir des adultes cramponnés à des recherches stupidement égoïstes ou ridiculement orgueilleuses, de les voir incapables de s'ouvrir à la liberté des autres, incapables de regarder le réel en face mais rester aveuglés par leurs a priori. Pitié de les voir se rengorger d'honneurs artificielles, de babioles mortes, d'être assoiffés d'approbation, d'admiration, de biens, de domination. Pitié de constater l'absence de vie intérieure et de capacité d'ouverture. Et ces gens-là peuvent être de riches et puissants dirigeants, des stars, des intellectuels comme des anonymes... Au fond, ce sont de pauvres gens qui n'ont pas compris l'essentiel de la vie, faute d'avoir été à bonne école, ayant reçu peut-être de trop terriblement ordinaires contre témoignages, ou n'ayant pas compris par leur propre fait, par refus d'abandonner leurs objectifs mesquins et égoïstes, leur vain aveuglement volontaire. Et bien qu'ils puissent nuire terriblement, ce sont de pauvres gens car la vraie richesse de l'homme est dans sa capacité à donner, la vraie gloire dans son aptitude à s'effacer pour l'autre, sa vraie puissance dans l'accueil de l'autre, son vrai bonheur dans le bonheur de l'autre.

"Un chrétien n'a pas d'ennemi". À chaque fois que nous regardons quelqu'un comme un ennemi, nous pouvons mesurer combien nous ne sommes pas de bons disciples du Christ, mesurer notre impuissance à aimer du vrai amour que seul le Christ peut donner pour accomplir en nous la promesse "j'ôterai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair".