mardi 13 juin 2017

Espoir et espérance

Tant que nous vivons d'espoir(s), c'est-à-dire d'objectifs humains non garantis, nous ne sommes pas au Christ et nous ne savons pas aimer. Nous sommes en réalité donnés à ce qui fait nos espoirs bien plus qu'au Seigneur, puisque c'est à ces espoirs que se trouvent suspendus notre vie, notre bonheur, notre joie, notre paix.

L'espérance que donne le Christ, elle, est déjà acquise et ne saurait être déçue. Mais elle est inaccessible à l'homme psychique ou à l'homme charnel, selon les termes de l'Écriture. Par sa mort et sa résurrection, il nous sauve de la mort éternelle et nous ouvre un chemin de vie dès ici bas, qui en passera par la souffrance et peut-être le désespoir (en raison du vieil homme qui ne veut pas mourir en nous, en raison de notre manque de foi) la tristesse (en raison de notre amour des autres - après tout, le Christ a pleuré son ami Lazare à sa mort)... la croix, en tout cas. Mais alors nous savons que la vie humaine est faite pour l'amour, que cet amour se déploiera en chaque personne de manière originale par le don de soi et la communion aux souffrances «en se faisant tout à tous». Nous savons que le plein déploiement de notre être se fera en Dieu, lorsque nous entrerons dans la vraie patrie de tous les hommes, où il sèchera toute larme.

À l'inverse, nous abandonner à nos espoirs, aussi naturels et légitimes soient-ils, montre notre peu de foi et - au fond - que nous sommes centrés sur certains de nos mouvements intérieurs, quelque incontrôlables qu'ils soient. C'est, en dernière analyse, un égoïsme parfois très subtil dont nous ne pouvons nous libérer que par la grâce du Seigneur, car il faut que meure en nous l'homme ancien pour que naisse l'homme nouveau, pour que nous vivons de la vie même du Christ.

Il n'y a pas à avoir honte de nos égoïsmes, de nos manques de foi, d'espérance: il y a à demander l'aide du Seigneur et à les combattre lorsque nous les débusquons en nous, dans nos pensées, nos réflexes, nos comportements, nos choix, nos inclinaisons.

L'espérance nous montre que quoi que nous vivions, le Seigneur peut le transformer en vie et en amour, pourvu que nous le vivions en restant aussi unis que possible à Lui. Il n'y a pas de nuit trop noire pour l'espérance, en revanche, les espoirs sont une brume légère qui s'évaporent très vite et nous laissent secs et sans souffle. En un certain sens, l'espoir est une parole du diable, l'espérance, l'appel de Dieu. En un certain sens seulement, bien sûr...

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